Aux États-Unis, on parle beaucoup moins des Mooc qu'il y a deux ans. Ils continuent pourtant de bouleverser l'enseignement supérieur américain.  Et s’ils restent très médiatisés ou utilisés ils prennent en maturité et c’est sans doute le signe d’une évolution importante.

 

Si l'on mesure le succès des MOOC au nombre total d'inscrits ou aux chèques signés par les fonds d'investissement, on veut bien croire la prophétie de Bill Clinton: les MOOC constituent sans doute la seule solution à l'impasse économique dans laquelle se trouve le système universitaire américain. Mais que nous disent vraiment ces chiffres sur l'efficacité des MOOC? Ne faudrait-il pas plutôt se pencher sur les taux d'abandon? 

 

C'est justement en mesurant un taux d'abandon de plus de 56% que l'université de San José a tout récemment décidé d'arrêter les cours en ligne qu'elle dispensait en partenariat avec la plateforme Udacity, le grand rival de Coursera. Située en pleine Silicon Valley, l'université proposait depuis 6 mois, 5 cours en ligne en mathématiques, programmation et psychologie, pour un montant unitaire de 150 dollars.  

Il avait fallu à l'université environ 400 heures pour construire chaque cours. Sur certains cours, le taux d'abandon a grimpé jusqu'à 76%. "La priorité est maintenant de regarder en profondeur les chiffres et de faire les ajustements nécessaires", a réagi Sebastian Thrun, président d'Udacity. 

 

Si Sebastian Thrun prend le sujet au sérieux, c'est qu'il est conscient que les étudiants de San José n'ont pas une aversion particulière pour sa plateforme. Bien au contraire, si l'on se penche sur le taux d'abandon moyen des MOOC! Ainsi, sur Coursera, environ 10% des participants inscrits à un cours vont jusqu'au bout. Le calcul du "no-show", terme utilisé pour désigner un élève qui ne se présente pas au début du cursus, est encore plus éloquent: 70% sur les MOOC les plus importants.

Les critiques pointent du doigt le manque d'interaction entre professeur et élèves. Il est en effet aussi difficile de poser une question et d'obtenir une réponse immédiate du professeur sur un MOOC que dans un amphithéâtre bondé. L'élève doit avant tout visionner des vidéos et répondre à des quizz. Des forums existent, mais ils sont peu ou mal utilisés. Faut-il pour autant jeter aux oubliettes les MOOC? 

 

Le coté « Massif » des MOOC reste très réel.  Plus d'un million de personnes ont suivi les Mooc de Harvard, et 800 000 ceux du MIT, en 2015. Un tiers des élèves inscrits vivent aux États-Unis. Toujours selon ces données, les deux tiers sont titulaires d'un diplôme de licence (bachelor) et la moyenne d'âge est de 28 ans. En revanche, et ce n’est désormais plus une surprise, le taux d'abandon est important. Seuls 9% des inscrits ont vu plus de la moitié du cours, et 5% l'ont validé en entier. Ce qui fait un pourcentage bas.

 

Côté enseignement supérieur et universités, les Mooc restent cependant rares. Il y a beaucoup de projets de création mais seuls 5% des écoles se lancent dans l’aventure. On retrouve dans ces 5% les universités les plus prestigieuses.

Les Mooc coûtent très cher, en argent et en temps. Tandis que le retour sur investissement est difficile à mesurer, comme l'a montré un rapport de l'université de Columbia, "Mooc, Expectations and Reality". Une autre question concerne le public visé. Alors que les Mooc se donnaient l'ambition de démocratiser l'enseignement et d'attirer un nouveau public vers l'université, il apparaît que la plupart des inscrits sont déjà diplômés.

Résultat : seulement 23% des universitaires américains pensent que les Mooc ont un avenir à long terme, selon un sondage mené par le Babson Survey Research Group. Un an plus tôt, ils étaient 29%. Par ailleurs, pas plus de 44% des interrogés considèrent que les Mooc sont un exercice utile en termes de pédagogie (contre 50% l'année précédente).

 

Le MOOC évolue , se transforme et … devient payant dans certains cas. Il se professionnalise aussi en rentrant dans l’entreprise ou il trouve une cible plus attentive.

En Université le MOOC complète un cours effectué en présentiel. Côté élèves, les Mooc sont de plus en plus mentionnés dans les CV, preuve d’une valeur ajoutée apportée par le produit.

 

 

En tout cas avec les MOOC on aura jamais autant parler d’enseignement à distance et surtout les universités et grandes écoles se sont offertes une belle vitrine !